Morrison

Tu vois je kiffe le principe de la gimmick, mais j'espère quand même pas me bouffer des pavés comme ça chaque semaine ^^

C'est beaucoup mieux que la semaine dernière dans le sens où tu dégages ce côté clochard pour nous montrer de la vraie poésie. Paradoxalement, c'est fluide mais on ressent quand même quelque lourdeur vu qu'il ne se passe rien. Le vocabulaire est sympa c'est clair, mais ça manque d'un vrai fil conducteur, d'une histoire à nous raconter quoi.

Après, c'est clair que ça rend pas mal du tout au niveau gimmick + argu' mais tu tombes sur Sting, donc dans un contexte comme ça, tu peux balancer. Après sur un mec comme Anderson par exemple, il faudrait mettre du mouvement.

Ça continue à se mettre en place et j'espère que la semaine prochaine on aura un peu plus de rebondissements, mais à part ça j'ai bien aimé.

L'écran s'allume. On retrouve John Morrison en studio d'enregistrement. Il fredonne un air de musique.



This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end
Of our elaborate plans, the end
Of everything that stands, the end
No safety or surprise, the end
I'll never look into your eyes...again

Il s'arrête soudainement. On lui demande pourquoi.



Pourquoi je m'arrête ? C'est la question que vous vous posé en ce moment. Pourquoi je bois ? C'est la question que les autres se posent. Je bois pour pouvoir écrire de la poésie. C'est une question absurde. Le monde n'est plus rempli que par des questions. Personnellement, j'ai une question pertinente qui me trotte dans la tête : qui est réellement Drew McIntyre, mon futur adversaire ?



C’est un jeune sans repère qui essaie de se donner de l’importance en jouant les gros bras. Les gens de sa génération, c’est-à-dire les jeunes ayant trop d’ambition, ne savent rien du bon fonctionnement des choses. Leur esprit n’est pas clair. Ils ont une si grande soif de conquête qu’ils sont aveuglés. Par ailleurs, ils pensent qu’ils sont les seuls au monde, et ne se reconnaissent pas entre eux. C’est le genre de ce cher Drew et son petit groupe. Comme pour la Murder Mafia, il y a une inégalité hiérarchique. Toutes ces équipes se sentent obligés de nommer un chef, un leader. Et c’est bien normal. Mais la plupart du temps, cette même personne ne parvient pas à mener à bien son équipe, et celle-ci se retourne contre lui. C’est un cercle vicieux, et Drew en est bien conscient. Pour le moment, il ne s’inquiète pas, il n’est pas à ce poste-là. Personnellement, si j’en avais l’opportunité, je créerais ma propre équipe et je pourrais montrer ce qu’est véritablement le terme leadership.



Il tire un coup sur sa cigarette.

Si je le voulais, je ferais de ma cours, une tribu de guerrier. Malheureusement, il y en a toujours quelques uns qui sont plus vulnérables que d’autres. Mais la question ne se pose pas, puisque je ne compte pas fonder un groupe. Du haut de mon statut de roi, je ne peux pas partager le pouvoir qui m’a été, en quelque sorte, confié, mais que j’ai arraché aux mains d’autres prétendants. Et Drew aura un statut honorable le jour où il comprendra qu’un excès de fierté et de confiance suffit à faire pencher la balance du mauvais côté. Il se fait pousser des ailes, mais elles brûlent à petit feu.

Aujourd’hui, l’Union Européenne devient poussière. Les membres se battent entre eux, et finalement, ce n’est pas le « chef » qui est le premier concerné, mais des sbires. Drew se bat contre Richard pour une seule et unique raison : la défaite d’un match. Drew n’a pas accepté de perdre contre Deuce et Domino. Il faut avouer que ces deux novices ont commencés fort en repartant avec les titres par équipe, et Drew en est jaloux. Il veut conquérir ces titres, et il veut tout faire pour. Mais quand on regarde bien le match qui l’opposait, avec Richard, contre les champions par équipe, on remarque qu’il n’a pas été supérieur à son coéquipier. La seule raison qui explique le retournement de Drew, c’est la surestimation. Évidemment, Drew y est baigné depuis son intégration dans l’Union Européenne. Ce groupe est fondé sur des bases de surestimation de soi. Cette union pense représenter l’Europe tout entière. Mais leurs pâles raisons leurs masquent l’infini. Ils ne représentent qu’une minorité des européens. En parallèle, il y a un monde de diversité. Ils ne mesurent pas l’étendue de la population européenne. Ils pensent être les mieux placés car il y a beaucoup d’origine différente dans ce groupe-ci, mais il n’y a pas que la nationalité. Le caractère et les compétences physiques sont aussi des choses à prendre en compte. Et d’ailleurs, c’est pour ça que le groupe implose. Richard Beck se rend enfin compte de l’erreur qu’il a faite le jour où il a intégrer ce clan.



Morrison se gratte l'arrière du crâne.

Drew va bientôt se retrouver seul, avec sa vanité aussi grande et longue qu’un serpent. Il n’est ni plus ni moins qu’un novice, et pour cause, il est resté un enfant. La raison pour laquelle il a intégré le clan des européens est simple : il se sentait seul. C’est vrai, quoi de mieux pour débuter sur le devant de la scène que des amis à ses côtés. Dans un sens, c’est très bien, mais dans un autre, c’est la chose à éviter. D’une part, l’individualisme y prend toujours place. On peut toujours s’attendre à des coups bas. Et le jour où il se retrouvera seul, il sera sans repère. Les gens ont besoin de connecteurs - écrivains, héros, stars, leaders - pour donner forme à la vie. Je suis un connecteur, et je peux leur tracer un chemin. Drew ne mérite pas qu’on l’aide. Il mérite de finir sa carrière comme il la commencé : dans le public. Il n’a pas sa place, ici. Il ne connait rien au métier, et encore moins la solitude. Ce sentiment, que l’on rencontre très souvent dans ce métier, il ne l’a jamais affronté en face. Et souvent, ce sentiment est accompagné par un autre : la peur. C’est de ça dont je voulais parler tout à l’heure. Quand il n’aura plus ses petits copains pour jouer, il se retrouvera seul, sans repères. Et c’est là que la peur va monter en lui. Il sera seul, sur l’highway, un endroit où on éprouve un sentiment d’angoisse à l’idée de disposer d’une puissance si grande qu’on ne peut la maîtriser, et dont on pourrait aisément se retrouver victime. Il verra ensuite apparaître le serpent, l’image primordiale de la peur. Il sera tellement apeuré qu’il ne parviendra pas à le calmer. Moi, je sais comment le calmer. Il ne devient plus dangereux, mais me transporte. Moi, et vous aussi, mes musiciens.

Drew n’aura pas droit à cette chance. Il nous ment depuis le début, et le verdict du roi, The Lezard King, est tombé. Il pense être le meilleur, meilleur que tous, avec un ego surdimensionné. Mais ce qu’il ignore, c’est que l’extension logique de l’ego, ce n’est, non pas lui, mais bel et bien Dieu. Il n’est pas Dieu, il n’est qu’un avorton.

Par ordre du Roi, Drew McIntyre est bannis à jamais de ce monde, tout comme son cortège de petits prétentieux !
DREAM… LOVE… SCREAM !

L’écran s’allume. John Morrison est dans la rue. Il marche sur le trottoir, cigarette au bout des lèvres. Il s’avance vers une petite maison où il entre. Il s’essuie les pieds sur le tapis d’entrée et s’avance à nouveau. En réalité, ce bâtiment est un studio d’enregistrement. Il aperçoit une connaissance à lui, derrière la vitre, qui lui fait signe de la main, et lui sourit. Morrison fait de même. L’homme appuie sur une touche, l’air de vouloir dire quelque chose à Morrison.



Morrison, vous m’entendez ?

Parfait.

On va faire un petit essai de voix.

1, 2… 1, 2… test voix.
Take it easy baby ! Take it as it comes !
1, 2… 1, 2…

L’homme demande à son assistante de lui remonter un peu son micro. Elle va vers Morrison et remonte le micro. Il la regarde faire, à la fois passionnée et fasciné par la douceur et la délicatesse de la jeune femme. Ils se regardent intensément, puis elle se met à l’écart afin de ne pas le déranger pour chanter. L’homme regarde la scène depuis son poste et sourit.



Prêt ?

Ouais.

Morrison jette sa cigarette dans la poubelle vide qui se tient à côté de lui et s’apprête à chanter. Mais une douleur à la tête et à l’abdomen l’en empêche. Il se tient les côtés, le ventre, la tête, sans savoir pourquoi ses douleurs persistent. Ses yeux deviennent rouges. Il tourne de l’œil. Il tombe à terre. L’homme et la jeune femme se précipitent vers Morrison pour lui venir en aide.

Où ais-je encore atterris ? La dernière fois, c’était dans une époque tout à fait différente, et aujourd’hui, me voilà ici. Et je ne saurais même pas décrire ce « ici ». L’obscurité règne en maître dans cette pièce, si l’on peut appeler ça une pièce. Je marche… je marche, sans savoir où je vais. C’est dans ces moments-là que l’on s’imagine des tas de choses, souvent mauvaises. On pense que quelqu’un nous observe, que quelque chose va nous sauter dessus sans crier gare.

Il aperçoit soudainement une lumière au loin. Morrison s’imagine déjà mort.

La lumière, au fond du tunnel. L’éternelle image du serpent qui vient nous chercher… mais je n’ais jamais entendu dire qu’une musique s’accompagnait avec cette scène…

En effet, on peut entendre le son d’un piano. Un son doux et pourrait faire dormir n’importe quel homme.



Quel son magnifique, telle une femme qui… cette femme, que j’ai vu tout à l’heure, elle me revient en tête. Elle avait ce même timbre dans sa voix, la même beauté qui vous transporte. Malheureusement, l’obscurité prend encore le dessus sur la lumière. C’est l’avis de cet homme, celui dont j’ai rêvé la nuit dernière. Il avait un nom étrange, long et complexe. Mais il l’abreuvait en disant simplement Rakeem. Cet homme-là, il se focalisait sur son côté musulman. Son côté homme de la société ne passait qu’au second plan. Cependant, il ne pensait pas être un homme dans la société, à cause de sa religion qui, selon lui, dérangeait. Je ne comprends pas, même moi, pourquoi j’ai rêvé de cela, mais c’était fascinant. En réalité, ce qui dérangeait la société en sa personne, ce n’était pas sa religion, c’était plutôt son aller-retour en prison, et peut-être, son amour trop prononcé pour les combats. Voyez, dans les circonstances où je suis en ce moment, le mot combat n’existe pas. Sensualité est un mot qui existe, ici, dans cet étrange endroit, bercé par des mélodies envoutantes. Pour en revenir à ce rêve-ci, je voudrais mettre le doigt sur un problème majeur à notre société contemporaine : le racisme. Rakeem est en partisan du non-racisme, comme beaucoup, je l’espère. Je ne voudrais pas briser les rêves de quiconque, mais même en arrivant à combattre le racisme, nous ne ferons qu’avancer d’autres problèmes de notre société, plus profonds certes, mais qui vont devenir majeurs.

Morrison réfléchit.

Et quand j’y pense, je me dis que, finalement, lui et moi, nous ne sommes pas si différents. Nous avons tout deux un problème de statut. Ce n’est pas une question de chance, je n’ais jamais rêvé d’être roi, mise à part dans le milieu artistique et musical. J’ai simplement été convié à faire partit de la royauté, et j’ai réussi. On m’accepte ou non, je n’oblige personne à m’accepter. D’ailleurs, il y a certaines personnes que je n’accepte pas, c’est dans la nature humaine. De son côté, Rakeem a un statut différent des autres. Il est musulman. Il n’est pas différent des autres, en réalité, c’est simplement les autres qui font une fixation négative sur lui, et certains ne l’acceptent pas. Et ça, Rakeem ne le comprend pas. C’est vrai qu’il souffre plus que moi dans la société, et qu’il soit un fervent partisan pour le non-racisme est tout à son honneur. Mais il y a, cependant, un point ironique. En clamant ton amour pour les combats et ton non-respect pour les racistes, ce qui semble logique, tu te focalises trop, au point de presque oublier ta religion. Je ne connais pas tout l’islam, mais je ne pense pas que les combats et la violence soit une ligne de conduite. Aussi, tu convoites le respect total de la société, mais ton séjour en prison prétend le contraire. Ton acte prouve que de ton côté, tu ne cherches pas l’acceptation d’autrui. Je ne porte pas de jugement, c’est un constat, sans doute désagréable à entendre. La vie est compliquée, et en rajoutant des contraintes à ta vie sociale, tu signes ton arrestation. Pas l’arrestation au sens premier, mais plutôt l’arrêt de ta vie, tout simplement.

Alors qu’il parlait, Morrison continuait d’avancer, perdu dans cette brume noir épaisse qui l’empêchait de voir quelque chose. À ce moment-là, la lumière au loin se rapproche de lui. A-t-il enfin trouvé la « sortie » ? Il se stoppe brusquement, et regarde la lumière. Il a l’impression que la lumière l’aspire. Sa vision se brouille à nouveau… il atterrit dans une pièce sombre, similaire à l’autre, avec une musique beaucoup plus forte. Cette fois-là, il entend un son de batterie et de guitare. Il fait deux ou trois pas et tombe nez à nez avec quatre personnes. Il observe les quatre personnes, quatre femmes qui jouent. L’une d’entre elle est piano, une autre danse. La troisième joue de la batterie, et la dernière se tient seul, en retrait, jouant de la guitare. Cette dernière femme semble être la même qu’il a vu, tout à l’heure, alors qu’il était encore dans « le monde des vivants ». En un jeu regard, elle et lui se séduisent.



En réalité, qu’importe les problèmes. Qu’importe la société, qu’importent les religions, les différentes couleurs de peau, et autres facteurs de dégoûts des uns envers les autres. Pensons plutôt à l’amour ! Rakeem ferait bien de penser à autres choses qu’aux problèmes qu’il aggrave encore plus sans s’en rendre compte. Je lui dirais quand il interviendra à nouveau dans mon subconscient. Il ne trouvera pas un meilleur moyen de réunification que l’amour. C’est le plus grand des pouvoirs ! Il se voile la face. Il ne souhaite pas voir la vérité en face. Il préfère nier le fait qu’il existe un moyen de réunification efficace pour continuer ses combats qui sont des règlements de compte.

Il s’assoit. La jeune femme fait mine de ne pas l’avoir vue, et va vers l’obscurité. Néanmoins, Morrison ne fait rien pour la retenir. Une des trois autres femmes s’approche de lui et le charme. Elle lui fredonne quelques mots doux à l’oreille et l’embrasse dans la nuque.



Le problème de Rakeem semble être plus compliqué que ça, en fait. Peut-être qu’en réalité, il comprend qu’il a une solution à son problème ; l’amour semble inaccessible pour lui. Loin de là l’idée de me vanter, mais je suis plutôt attirant pour les femmes. Cette femme le démontre parfaitement. Rakeem, lui, n’est aimé d’aucunes filles. Il ne trouve pas l’âme sœur, et ne la trouvera probablement jamais. Pourquoi ? Ça, je n’en sais rien. Il me le dira peut-être une autre fois.

La femme embrasse langoureusement Morrison. Un souffle de sensualité plane sur les deux.



Dans la vie, j'ai eu le choix entre l'amour, la drogue et la mort. J'ai choisi les deux premières et c'est la troisième qui me choisira. Rakeem, lui, n’a pas choisi les deux premières, mais il a choisira la troisième.

Alors personellement pour un RP face à un soit disant " no speech ", c'est géant. Tu nous confectionne des phrases qui m'ont littéralement bluffé. Sincérement je pourrais en lire encore et encore ! Certes, tes arguments sont pas super, vu que tu pensais qu'il n'allait pas posté, mais la gimmick, elle, est superbe. Franchement j'ai adoré le contexte, la tournure des phrases, la gimmick parfaitement maitrisée. Les arguments auraient étaient présents, ça aurait été pour moi, un RP quasi-parfait !