NoN #21 : René Bonaparte (c) vs. MsChif w/ Paul Bearer

Encore une fois, un match qui promet d’être intéressant en raison des deux gimmicks. MsChif a le gros Paul dans son coin, est ce que cela changera grand-chose ? On n’en sait rien, on s’en fout, bon match !

Ouais on s'en fout du gros Paul Allez, bonne chance à moi-même, c'est plus utile

‡ _Chapitre 19 : Pourvu qu'elles m'aiment_ ‡
× _Partie I_ ×



Toujours champion. Toujours champion et toujours au top, voilà ce que l'on retiendra de Virtual Pain. Et là je ne parle ni d'un quelconque Kennedy, James Storm, ou Undertaker, évidemment. Quoiqu'il en soit, on connaît le proverbe, après l'effort, le réconfort. La scène à laquelle nous assistons se passe dans la chambre du plus grand champion de tous les temps, René Bonaparte pour ne pas le nommer, dans son désormais mythique Château du Louvre que l'on ne vous présente plus. Il zappe sur les différentes chaînes (30.000 grâce à son satellite Funaki 2000 personnel), quand une actrice bien connue fait son apparition dans la chambre.



SOPHIE M.
Eh René, qu'est-ce que tu regardes ? C'est encore un de ces films pornos avec les images toutes floues ? C'est qui cette fille toute pâle et toute mal habillée ?

RENÉ BONAPARTE
Celle qui passe les trois-quarts du films à quatre pattes ? L'ingrate ? C'est MsChif, je dois l'affronter ce dimanche.

SOPHIE M.
Ah oui, c’est la pauvre fille sans amis qui passe tout son temps devant les caméras à se lamenter sur la tristesse du monde et à critiquer les gens ?

RENÉ BONAPARTE
Tu vois, autant tu n’as pas inventer le fil à couper le beurre, autant tu as compris en quelques secondes ce que MsChif n’arrive pas à avouer en plusieurs mois.

SOPHIE M.
Ah quel taquin, je sais que tu plaisantes, je suis super intelligente comme toutes les actrices.

RENÉ BONAPARTE
Je suis sérieux, Sophie, tout comme je suis sérieux quand je dis que ce dimanche MsChif va mordre la poussière.

SOPHIE M.
Bon allez, on s’en fiche de cette MsChif, elle était déjà débile comme c’est pas parmi à l’époque...

René fronce les sourcils.

RENÉ BONAPARTE
Ne me dis pas que tu connais personnellement cette truie ?

SOPHIE M.
Non je te rassure, René, je l’ai juste croisé au salon de l’agriculture l’année dernière.

RENÉ BONAPARTE
Au salon de l’agriculture ? Mais que faisait une charmante demoiselle comme toi là-bas ?

SOPHIE M.
Ne t’inquiète pas, j’accompagnais ma petite nièce de 6 ans, elle avait gagné un prix pour un concours. Je ne sais pas très bien ce qu’elle faisait là-bas, mais elle avait l’air très proche d’une vache nommée Hortance. Sniff... Elle était horrible, toute moche, toute mal vêtue, et elle dégageait une drôle d’odeur, comme un animal mort, c’était horrible.

RENÉ BONAPARTE
Et puis-je savoir ce que tu fais avec un téléphone dans les mains ?

SOPHIE M.
Oh oui, j’allai oublier le plus important, il y a un appel pour toi ?

RENÉ BONAPARTE
Tu lui as dit que j’étais très occupé ?

SOPHIE M.
Il a insisté pour te parler, sous prétexte que c’est un ami à toi. Il dit s’appeler "Paul Newman", ou "Heyman", je ne sais plus trop.

RENÉ BONAPARTE
Ah, le bougre, je parie que c’est lui qui a envahi de messages le répondeur ! Passe-le moi, qu’on en finisse !

D’une main ferme, René s’empare du portable et retrouve instantanément le sourire. Oui, il peut passer du tirage de tronche au sourire en tout juste un battement de paupière, c’est ça le talent !

RENÉ BONAPARTE
Bonsoir Paul ! Il paraît que tu as essayé de m’appeler plusieurs fois, vraiment désolé de ne pas avoir pu te répondre, mais devine qu’avec mon travail, je suis des plus occupés.



...

RENÉ BONAPARTE
Ah, c’est très aimable de ta part de venir me féliciter pour mon titre, ça me fait chaud au cœur, tu peux me croire. Je suis sûr qu’en ce moment même tu es en train de me regarder à la télé, n’est-ce pas ? Ne suis-je pas fantastique dans ce lit aux côtés de cette beauté d’actrice française ?

...

RENÉ BONAPARTE
Mais dis-moi, toi aussi tu t’en es pas mal sortit à ce que j’ai vu, ta reconversion dans la chanson a été magnifique. Tu m’as vraiment étonné dans cette émission de télé-réalité où tu t’es mis à chanter, des millions de visites sur le web, des contrats en or...

...

RENÉ BONAPARTE
Comment ? Tu ne t’es jamais mis à la chanson ? Tu es sûr ? Mais alors qu’est-ce que tu deviens ?

...

RENÉ BONAPARTE
Oui, les temps sont durs, mais tu t’en sortiras, j’en suis persuadé.

...

RENÉ BONAPARTE
Que je t’aide à trouver un boulot ? Fais comme tout le monde, dépose ton CV dans une agence.

...

RENÉ BONAPARTE
Pardon ? Tu voudrais "faire équipe avec moi" ? Désolé, je ne peux vraiment pas, fais comme tous les Juifs en Amérique, ouvre une entreprise.

...

RENÉ BONAPARTE
Bon, puisque tu insistes...

Là, il ne sourit plus.

RENÉ BONAPARTE
NOT A CHANCE ! Rien, nothing, nada ! Je ne suis pas ta nounou, Paul, débrouille-toi tout seul !

...

RENÉ BONAPARTE
Que dis-tu ? "Après tout ce que tu as fait pour moi" ? Tu plaisantes j’espère ! Dis-moi que tu ne viens pas de dire cela ! C’est toi qui me doit tout, Paul ! Il n’y a que deux choses qui font qu’une poignée de fans se souviennent encore de ton existence : la première, c’est que tu as été le patron de la fédération où le French Ladykiller a toujours régné. La deuxième, c’est que tu portes une casquette et un imperméable noir !

...

RENÉ BONAPARTE
Comment ça "je suis dur avec toi" ? Je suis juste, Paul, ce n’est pas pareil, et tu le sais ! Ton aura, c’était MON aura, ta lumière, c’était MA lumière ! Si je n’avais pas eu l’extrême bonté de rejoindre la NoW, ton passage dans ce business n’aurait jamais eu plus d’effet qu’un rôt de sardine dans le bassin des orques. Tu devrais me remercier. Non, mieux que ça, tu devrais me vénérer ! Car par ma seule force je t’ai élevé et fait de toi un semblant de quelqu’un, Paul. Alors va remplir la boite vocale de quelqu’un d’autre, j’ai à faire !

...

RENÉ BONAPARTE
Tu es "dans la merde", et alors ? Connais-tu le taux de chômage qui existe au sein de ton horrible pays ? Ca te fera des copains à la soupe populaire !

...

RENÉ BONAPARTE
"Tu vas faire une connerie", tu dis ? C’est cela, et que veux-tu que cela me fasse ? Tâche au moins de ne pas m’y associer, ne te rends pas plus encombrant que tu ne l’es déjà, si c’est encore possible.

René raccroche, il pousse un soupire puis rend le téléphone.

RENÉ BONAPARTE
Mon dieu, qu’il est dur d’être moi parfois !

× _Partie II_ ×

Nous nous retrouvons dehors, dans l’immense jardin du Louvre, en compagnie d’un type bizarre qui avance rapidement en direction du château.



HOWARD STERN
Salut les rockers, salut les roadies, salut les groupies, c’est Howard Stern en direct de Paris ! Aujourd’hui est un jour béni pour la chaîne puisque René Bonaparte a accepté une interview exclusive histoire de faire le point avant son match dimanche face à une femme, MsChif. On est super content ici car les entretiens avec le phénomène français sont hyper rares, il faut passer par tout un staff de communication pour pouvoir atteindre la star, mais ça en vaut largement la peine.

Il entre dans une grande salle remplie de trophées, ceintures, et autres médailles.

HOWARD STERN
Oh, nous sommes actuellement dans la salle des trophées, legendary le truc ! Autant de ceintures, de trophées de toute sorte, de médailles d’honneur des différents pays qu’il a visité, les clés de la ville de Paris et j’en passe, ça donne des frissons.

Soudain, une voix hors champ coupe l’animateur.

RENÉ BONAPARTE
Il faut dire aussi que tu n’as pas réellement de point de comparaison si ce n’est une photo de la chambre des trophées de MsChif. Enfin, le coin gauche de son mobil home en fait, et il n’y en avait qu’un, un diplôme pour attester de sa troisième place au concours d’entrée pour être serveur à McDonald’s.

HOWARD STERN
Oh, René Bonaparte, c’est vous ! Merci de nous avoir reçu...

RENÉ BONAPARTE
Tu peux me remercier, je t’invite dans ma maison, il y a même un repas, alors oui tu peux réellement me remercier.

HOWARD STERN
Oui...

RENÉ BONAPARTE
Alors vas-y.

HOWARD STERN
Bah, merci.

RENÉ BONAPARTE
"Bah merci", c’est tout ?

HOWARD STERN
Euhh...

RENÉ BONAPARTE
C’est bon, virez-moi ce gueux de ma demeure, et ne prends pas d’amuse-bouche. Allez, hors de ma vue.

La sécurité intervient et vire Howard Stern tel un vieux chacal.

RENÉ BONAPARTE
Oh c’est bon hein, les Américains ne m’aiment pas, allez savoir pourquoi, alors je ne vois pas pourquoi je ne virerai pas les journalistes, en plus cela nous évite toutes les questions plates avec une tonne de périphrases. Arrêtez de secouer la tête en faisant « oh, c’est pas bien ce qu’il vient de faire », je m’en fiche, je suis de sang noble, je peux faire ce qu je veux quand je veux.

Le caméraman commence à partir, quand René le retient par le bras.

RENÉ BONAPARTE
Non, toi tu restes ici, j’ai un message à faire passer, je sais que MsChif aime bien cette chaîne car elle passe des clips de "punk" qu’elle écoute comme Green Day, Sum 41 ou Avril Lavigne. MsChif, je sais que tu écoutes, et j’ai un conseil pour toi... Profite, profite de la vie, du soleil, du peu d’amis que tu as. Essaye de vivre au maximum tes rêves, fais du saut à l’élastique, du delta-plane, rencontre des dauphins, cours sur la plages, pieds nus, à la recherche du plus gros crabe, bref, vis ta vie au maximum car... THERE IS NO TOMORROW ! Il n’y aura pas de lendemain pour toi après notre rencontre, je te garanti au minimum six mois à l’hospice, à souffrir, à te demander si tout cela en valait la peine, à enfin comprendre pourquoi tu aurais du prendre la parole quand je te la donnai.

René part s’asseoir sur une chaise, tranquille, en buvant un drink et en mangeant une pomme.



RENÉ BONAPARTE
MsChif, ne joue pas avec ce qui te dépasse, contente-toi de faire ce que l’on te demande et dans le futur, ne t’oppose jamais à la voix sacrée sur French Ladykiller. Tu n’es rien ici, je porte sur mes épaules le succès de la Nation du Catch depuis mon arrivée, il n’y a qu’un seul vrai et unique Great One dans le roster et son nom est René Bonaparte. Tu crois être sur la même ligne que le Perfect Athlete ? Tu crois que tu peux l’affronter à ta guise ? Cela te pose un soucis qu’il te traite d’outsider ? Alors il y a deux solutions, soit tu ne bois pas que de l’eau, soit tu es complètement folle. Et pour ma part j’opterai franchement pour cette deuxième solution. Tu trouves cela normal de passer tes week-ends enfermées dans une chambre, volets fermés, à te tailler les veines, le visage badigeonné de maquillage blanc, ce qui te donne encore davantage l’air d’un malade en phase terminale ? Il se met à imiter MsChif, le regard vide et l’air débile profond. "Oh je quitte la fédération si on me met encore face à James Storm, j’en ai marre, il me bat à chaque fois, et en plus j’ai perdu mon titre, mon seul ami. Oh la la la, je vais aller chez moi écouter le dernier album de Tokio Hotel et faire des moustaches sur les photos des catcheurs qui ont été méchants avec moi et puis après je reviendrai à la fédération pour éviter que tout le monde m’oublie. Nah !".



RENÉ BONAPARTE
Retourne dans ton trailer park trash, MsChif ! Tu pleures parce que les gens ici ne te prennent pas au sérieux ? Fichtre, remercie le ciel, les oiseaux et ta mère de pouvoir fouler le même ring que l’Aristocrat of Badness. C’est ta seule et unique chance d’approcher la grâce, profite de ton quart d’heure de gloire, car il va se terminer dans un hôpital. Que les choses soient claires, tu n’as rien à faire sur un ring de catch, ta place est dans une pièce aux murs moues, entourée par des hommes habillés en blanc. Tu es instable psychologiquement, male dans ta peau, à vrai dire tu es même inquiétante. Alors je le répète, ta place est en hôpital psychiatrique, et estime-toi heureuse, car avec mes ancêtres, c’est sur un bûcher que tu aurais fini ! D’ailleurs dans l’Histoire de la France, nous avons eu une personne dans ton genre : Jeanne d’Arc. Elle aussi s’habillait comme un homme et désirait être considérée comme un homme, elle pensait être l’envoyée de Dieu sur Terre, elle se disait vierge. Bref, nul doute que comme pour toi, le bûcher était la meilleure solution.

Quelle belle image que nous avons là, le plus grand champion de notre sport souriant devant la caméra.



RENÉ BONAPARTE
Ah, excuse-moi, j’ai pendant une seconde oublié mon mantra : ne pas prendre MsChif pour une imbécile mais ne jamais oublier qu’elle en est une. J’aurai du y penser en arrivant, me rappeler de ton regard vide et blafard que rien ne peut troubler si ce n’est la vision du French Ladykiller. Ne t’es-tu jamais demandé pourquoi dans le monde du sport les femmes ne sont jamais opposées à des hommes ? Pourquoi Michael Phelps n’affronte jamais Laure Manaudou, pourquoi Roger Federer n’affronte jamais Maria Sharapova, pourquoi Serena Williams n’affronte jamais Ana Ivanović ? Car cela n’a strictement aucun sens, il y a certaines choses qui sont immuables dans ce monde, les oiseaux volent, les chiens aboient, tu es à l’humour ce que Paris Hilton est au show-business, et dans le monde du sport, une femme ne peut battre un homme. Entre nous deux il y a une énorme différence, en plus de mon talent, de ma beauté, ma joie de vivre, il y a plus de cinquante kilos d’écart. Ta victoire est impossible, à chaque geste tu devras dépenser cinq fois plus d’énergies et mes coups te feront cinq fois plus mals qu’à l’ordinaire. Alors, sachant qu’il était impossible pour toi de me vaincre, qu’est-ce qui t’a poussé à m’affronter ? Penses-tu sincèrement que les gens vont te croire quand tu diras que tu peux résister à l’irrésistible charme du French-Love Muscle ? Arrête de te voiler la face, il est de mon devoir, en temps que seul membre bien éduqué de cette fédération et, surtout, de représentant officiel de la perfection à travers le Monde, de te donner du plaisir comme j’en ai donné à toutes les autres qui ont pu goûter à la Tour Eiffel. Tout ce que tu désires, ce qui t’a poussé à m’affronter, c’est d’avoir l’immense honneur de toucher au corps du French Ladykiller, de l’approcher au moins une fois dans ta misérable vie sans hommes. J'ai eu l'occasion de regarder, ou plutôt de subir, quelques-uns de tes matches, me rendant compte que tu aimes crier. Et bien saches que je me ferais un plaisir de te faire hurler... de plaisir. Cependant, prenant conscience de ton physique ingrat, le seul moyen de parvenir à tes fins et de vivre ton fantasme fut de m’affronter sur un ring de catch.

René se met à exhiber sa musculature d'un air hautain.

RENÉ BONAPARTE
Un corps huilé et musclé à souhait, une éducation parfaite, une lance horizontale de trente centimètres, voilà ce que tu recherches. Et même si en plus de coucher avec moi tu veux me battre, saches que je ne suis Français que jusqu'à un certain point, le fait que tu parviennes à me river les épaules au sol pendant trois secondes ne restera que du domaine du rêve. Je ne suis pas Ken Kennedy, je ne me mélange pas avec n’importe qui, je ne passe pas le restant de mes jours avec une fille quelconque. Je te prouverai que tu ne peux parvenir à me surpasser sur un ring, que tu ne peux parvenir à me vaincre.



RENÉ BONAPARTE
Malheureusement pour toi, le simple fait de devoir te toucher me répugne, l’idée même de savoir que tu fantasmes sur mon corps me donnerait envie de quitter la Nation du Catch. Ton physique, ton style vestimentaire, tout me déplait chez toi. Oui, ce style vestimentaire qui est si caractéristique chez toi, vêtue de vert. Cette couleur te caractérise si bien, cette couleur qui symbolise l’espoir, et à défaut d’avoir du talent, effectivement tu as de l’espoir. Mais saches aussi que face aux caméras, le vert est synonyme de malheur. Lorsque Molière est mort sur scène, il portait du vert, lorsque je t’aurai rivé les épaules au sol, tu porteras du vert. Maintenant, laisse-moi te prouver que je mérite ma réputation avec un poème qu’un ami rappeur a écrit pour moi.

Le French Phenom se racle sensuellement la gorge (si, ça existe, demandez à BES).

RENÉ BONAPARTE
Tu sens que ma Tour Eiffel est dure, que j’ai fait de la route,
Tu crois que je suis tendre, mais tu as quelques doutes...
En effet je suis le Ladykiller, un drôle d’animal
J'ai de quoi te siliconer si jamais tu vieillis mal
Catcheur et gentleman, c’est dans le mille que je tire.
Je fais mal mais je fais jouir, si tu vois ce que je veux dire.

Soudain, Howard Stern fait son retour dans la salle, cheveux ébouriffés, vêtements arrachés, la respiration saccadée, les lunettes cassées.

HOWARD STERN
Try me champ ! Yes, tu m’as bien entendu, j’ai pas peur de toi ni de tes gardes !

RENÉ BONAPARTE
Hey, je ne suis pas là pour me battre, René est tout en pudeur ce soir, tout en pudeur et tout en business.

HOWARD STERN
Tu feras moins le malin dimanche quand MsChif t’aura coincé dans son Desecrator, champion ! Nous les fans de MsChif on en a marre de voir que tu la respectes pas ! MsChif est un exemple pour nous tous, pour tout le monde. Elle elle est vraie, je veux dire, sa philosophie de vie par exemple, bah c’est génial tu vois. Elle est comme nous, c’est un exemple, pas un gars arrogant surpayé. Elle elle respire, elle saigne, vit pour la lutte. Elle mérite d’être championne et elle te battra ce dimanche.

René se lève tranquillement regarde Howard, sourcils froncés. Puis il tend sa main en souriant.

RENÉ BONAPARTE
Je respecte ton opinion.

HOWARD STERN
Hein ?

RENÉ BONAPARTE
Je respecte ton opinion.

Howard sourit à son tour, il lui serre la main...
C’est beau...

COUP DE CHAISE EN PLEIN DANS LA TÊTE DE CETTE RACLURE DE HOWARD STERN !

Ses dents ont giclé sous le choc, le type est à terre, les yeux révulsés. Il est méchamment mal en point, René lève la chaise dans le ciel comme quand il exhibe sa ceinture de champion par équipe à l'entrée de ses matchs puis il se met à balancer des coups de chaises sur le pauvre homme avec toute sa rage. Le gars est en sang, c’est immonde.

RENÉ BONAPARTE
Cet ingrat aime ta philosophie, MsChif ? Et bien la voilà la philosophie de l’Aristocrat of Badness, te voir gisant au sol, le crâne en sang, inerte ! Je pourrais encore continuer à parler, mais non, j’en ai finit avec MsChif, cette femme est le néant, le niveau zéro du catch, un cailloux dans le cosmos. Si MsChif était un cheval, elle serait un petit poney, un petit poney sans tête et mort d’avoir voulu galoper avec les mustangs. Tu saisis la métaphore ? Non, "métaphore" n’est pas une drogue, jeune inculte, va lire et te cultiver au lieu de passer tes journées enfermées, pauvre tâche. Et ce dimanche, comme on peut l’entendre actuellement à Paris, l’arbitre annoncera...
Jeu, set et match... René Bonaparte !

Tu as peut-être survécu pour l'instant, mais les images d'horreur qui hanteront tes pensées jusqu'à la fin de tes jours te le feront regretter.


Quelques heures plus tôt


Les nuits de pleine lune, où seul le hasard peut guider nos pas à travers l'épaisseur de la brume, ne présagent que de mauvaises choses. Des actions psychotiques, des tortures sanguinaires, autant d'adrénaline que de souffrance dans la pénombre incertaine de nos tristes rues.
En dehors de la ville, à quelques kilomètres de "l'After Chaos", un jeune homme bravait les dangers d'une petite route isolée et déserte. Il ne se doutait pas de ce qui l'attendait, les frissons qui le parcouraient n'était dus qu'aux vieux films d'horreur de son enfance, peut-être même au froid, mais bien pire se préparait. Personne ne l'avait prévenu, et pourtant tout le monde le sait dans le coin : Il vaut mieux faire un long détour que de s'approcher de Muskeet, la ville maudite.



Il se rapprochait, chaque pas le précipitait vers la débauche nauséabonde et les excès répétitifs qui rendaient l'image de la ville si sale auprès des communautés voisines, celles qui se trouvaient à distance respectable et dont aucun membre n'oserait franchir la limite interdite, que notre jeune marcheur venait de passer. Il avait froid, était fatigué et rêvait d'un énorme sandwich qui lui ferait oublier ces deux jours de jeûne involontaire.
Un peu plus tard, il aperçut quelques bâtisses délabrées, des immeubles désaffectés, un décor d'après-guerre qui évoluait de rue en rue. Quelques bandes d'ados trainaient dehors, des bikers s'appropriaient les routes, le tout s'intensifiait au fil de son avancée. Chaque personne qu'il croisait le dévisageait, ce qui rendait l'ambiance d'autant plus pesante. Mais une enseigne lumineuse le décida à mettre fin à son périple, du moins temporairement. Elle brillait bien plus que toutes celles qui éclairaient la ville, cet établissement était envoûtant. Une foule de jeunes débraillés s'étaient donné rendez-vous dans ce coin de rue précisément, ce qui animait l'endroit entre bruits de moteurs, poubelles enflammées et bouteilles cassées.
Notre intrus passa la porte de "l'After Chaos" et, après avoir descendu les marches et longé les grillages intérieurs, se dirigea directement vers le bar, en évitant de croiser quelque regard que ce soit, histoire de se rassurer. Après avoir commandé une bière, il posa enfin ses yeux sur les alentours, avant de se retourner vers la femme qui occupait la place d'à côté.

• L'inconnu qui ne le sera plus très longtemps •

Salut, je m'appelle Walker.

Sa voisine de tabouret avala une gorgée du breuvage vert qu'elle tenait, puis daigna enfin tourner la tête. Il lui fallu un longue inspiration avant de répondre, sur un ton des plus neutres.

• MsChif •

Toute information est bonne à prendre, parait-il.

• Walker •

Et toi, c'est quoi ton nom ?

• MsChif •

Tout ceux qui m'ont nommée l'ont regretté, plus personne ne court le risque.

Walker laissa échapper un petit rire nerveux. Entre l'inquiétude et la curiosité, il choisit le deuxième ressentiment et tenta de mieux connaître cette étrange interlocutrice qui commençait à l'intriguer fortement.

• Walker •

Qu'est ce que tu fais par ici ?

• MsChif •

Je me prépare psychologiquement, c'est si dur à voir ?

Ce n'est pas la réponse à laquelle le jeune homme s'attendait. Il aurait pu prévoir plusieurs dizaines de répliques, mais celle-là renvoie automatiquement à une question plus précise.

• Walker •

Te préparer ? Mais à faire quoi ?

• MsChif •

C'est évident, à faire ce que je fais le mieux, à me battre sur un ring, sur MON ring. Je me prépare à détruire le pauvre fou dont j'ai malheureusement écopé comme adversaire, voilà ce que je fais là.

• Walker •

Alors, t'es un peu une gladiatrice des temps modernes ? Et tu dois affronter un mec, c'est pas cool ça.

• MsChif •

La vie n'est pas cool, comme tu dis. Quand je monte sur le ring et catche, je fais ce pourquoi on me paie, rien de plus, rien de moins. J'ai déjà battu maintes hommes, et mon palmarès n'est pas prêt de toucher à sa fin. Le pire chez Bonaparte n'est pas ce qu'il a entre les jambes, si tant est qu'il a quelque chose, c'est simplement son caractère. Quand j'en aurai fini avec lui, j'espère qu'il fermera enfin son organe oral, ça fera des vacances à beaucoup de monde.

Your Soul's Tormentor n'est pas douée pour se fondre dans la masse, ni pour se faire passer pour quelqu'un de normal. Le nouveau venu dans ce respectable établissement baissa la tête et toussota, ne sachant quoi dire. Il finit sa bière et espérait sans doute s'esquiver, mais une voix résonna alors derrière lui. Un autre jeune homme, que nous connaissons déjà, apparut, tout sourire.



• Jak •

Tu t'es perdu, cow-boy ?

• Walker •

A vrai dire je pensais faire escale par ici pour la nuit, avant de reprendre la route.

• Jak •

Qui te dis que tu seras en état de reprendre la route demain ?

Jak laissa apparaitre un petit air malicieux, lui qui aimait tant faire la loi sur son territoire. Mais l'ancienne championne Free-League n'appréciait pas, quant à elle, ce genre d'humour et se hâta de ramener le calme dans cette conversation. Qu'une seule chose préoccupait ses pensées actuelles, et c'était un espèce de rat au sang français, un sang qu'elle souhaitait tant voir couler jusqu'à l'hémorragie.

• MsChif •

La ferme. Je suis rentrée pour me détendre, et non pour entendre deux gosses se crêper le chignon. Il y a bien plus important que de vaines disputes, comme par exemple la prochaine bataille.

• Jak •

Bataille : Nom féminin. Echange amoureux basé sur la légèreté. Usage en cours durant la troisième guerre mondiale. Personnellement, je suis plutôt pour. Ah ah, et qu'est ce qu'elle s'annonce bien cette putain de bataille ! Tu le sens comment, ça va ?

• MsChif •

Comment veux-tu que ça aille ? Je suis forte de mes victoires passées, mon retour prend enfin tout son sens, cette bande de porcs semble comprendre ce qui les attend, et c'est tant mieux. Je veux voir la peur sur leurs visages de sales privilégiés quand nous toucherons enfin à notre but. Ce n'est pas un secret, je veux porter mon armée et moi-même au sommet, au-delà de leur matérialisation futile, mais il leur a fallu du temps pour se rendre compte de ce qui se préparait dans l'ombre. Aujourd'hui ils savent, et ça suffira à les déstabiliser avant leur chute. On les effrayait par notre marginalité et nos différences, mais maintenant ils savent que derrière le maquillage et les chaînes se cache quelque chose de pire : La haine. Nous vaincrons Jak, je m'en chargerai personnellement.

• Jak •

Ravi de l'entendre. Tu sais que cette semaine, ça s'annonce compliqué. Ils t'ont pas collé n'importe qui comme adversaire, c'est un champion à la con que tu vas devoir affronter.

Chif serra les dents, énervée par ce que son acolyte s'était permis de dire. Un champion peut-être, mais son égo est à la hauteur de sa surestimation, et c'est bien par leur fierté démesurée que l'on fait tomber les hommes de cet espèce.

• MsChif •

Je suis parfaitement consciente de cela. Ce n'est pas un règne de fausseté et des sourires hypocrites envers une foule aveugle et naïve qui m'impressionnera, ni demain ni jamais. Dans à peine plus de vingt-quatre heures, je prouverai pour de bon que la révolution a commencé, ils me verront comme le drapeau noir d'une bataille épique qui ne prendra fin que dans un bain de sang sans précédent. Tant d'hommes défigurés par les paillettes sont tombés devant moi. John Bradshaw Layfield, James Storm, Montel Vontavious Porter, John Morrison, The Miz, Matt Morgan, ce n'est que le début d'une hécatombe guidée par le dégout et la soif de vengeance. Le prochain nom qui s'ajoutera à cette liste est celui d'un homme laid, un homme satisfait qui ne se préoccupe plus de rien mis à part sa petite personne répugnante. Il snobe quiconque a le malheur de l'approcher, se prenant pour un roi, mais si un jour une âme charitable venait à lui arracher la carotide, ce n'est pas du sang bleu qui coulerait de son putain de coup comme d'un robinet, juste l'hémoglobine d'un imposteur venu de nul part. Je le répète, un imposteur, il n'est personne et ne mérite aucun respect, il veut juste escroquer les quelques fans dociles qui n'ont pas suffisamment d'esprit de discernement pour voir à travers ses mensonges. Mais il ne me trompes pas, moi. J'ai bien vu dans son jeu, il aimerait tant être au-dessus du commun des mortels, il espère secrètement qu'un jour son argent et ses vêtements de marque le rendront heureux, mais cela n'arrivera jamais. Il faut plus de force de caractère pour se battre pour ce en quoi nous croyons que pour se laisser charmer par les billets verts et en profiter à un point malsain.

Walker s'était de plus en plus effacé, écoutant la discussion des deux habitués sans pour autant y participer. Il ignorait comment réagir, cet endroit le rendait d'autant plus mal à l'aise qu'il n'était pas un connaisseur des ambiances sordides. Le moins que l'ont puisse dire, c'est que celle qui régnait ici l'était totalement. Sordide et passionnante, glauque et survoltée. MsChif ne se souciait guère plus du voyageur, et Jak était absorbé par les propos de la jeune femme. Plus elle se perdait dans le chaos de son esprit, plus le visage du jeune homme rayonnait.

• MsChif •

N'ai-je pas raison ? Le mode de vie de ce vendu est dégueulasse, autant que son petit air supérieur que je me ferais un plaisir de lui faire ravaler jusqu'à ce que mort s'en suive. Il aime le luxe, les biens de valeur et les flashs qui crépitent autour de lui ? Il aura le temps de s'inquiéter du regard des gens quand je l'aurais expédier à l'hôpital, dans la chambre qu'occupait Matt Morgan. Oh oui, je le lacèrerai, je le défigurerai et je le laminerai à un tel point que les charognards de seconde zone qui rôdent autour de lui auront une vraie raison de s'y intéresser. Il aime voir la vie en rose, tout comme ses costards hors de prix ? Eh bien moi j'aime le rouge, et c'est la seule couleur qu'il pourra voir quand elle recouvrira son immonde corps impur. Encore une fois, le conflit est le même. Nous avons d'un côté le charmant garçon de bonne famille, constamment tiré à quatre épingles, qui sonne autant faux que le monde dans lequel il évolue, prisonnier de la bulle que son entourage lui impose. Cet homme-là ne connaitra jamais la liberté, le bonheur de faire ce que bon ou mauvais lui semble sans avoir à penser une seule seconde au jugement qui l'attend. A l'autre bord se trouve l'incarnation du rêve adolescent. Une femme indépendante et sans attache, suivant son instinct sans se soucier de qui est-ce qui vit ou meurt à côté d'elle. Je suis cette femme, et René peut d'ors et déjà commencé à trembler, car il sait au fond de lui que ce qui l'attend n'a rien à voir avec les poignées de main hypocrites dont il a l'habitude.

• Jak •

D'ailleurs ce René Bonaparte là, c'est pas l'enfoiré qui t'as traitée de sorcière ?

• MsChif •

Probablement. Il ne serait pas le premier, ni le dernier non plus. Les gens aiment juger, ce n'est pas un secret. Ils ont besoin de critiques et insultes qui fusent pour se sentir forts, pour se sentir vivre. Bonaparte n'échappe pas à la règle, bien au contraire. Il aime se sentir au-dessus de son petit peuple, comme le Pape à son balcon. Mais pour être le centre du monde, faut-il encore qu'un monde gravite autour de nous. Sur le ring, dimanche soir, ce sera entre lui et moi. Juste lui et moi. Personne, pas même son cher partenaire, ne sera présent pour le complimenter et l'adorer. Il sera seul, livré à lui-même. Il ne m'intéresse pas, je le hais pour ce qu'il représente, mais l'individu en lui-même ne me fait ni chaud ni froid. Il n'a rien pour lui, et c'est bien triste, même pas de quoi se faire haïr, car dans le fond ce n'est qu'une enveloppe vide. Les gens le croient beau car, lui le premier, y croit et véhicule cette image. Il n'en est rien. J'ai appris à regarder au-delà du karma, et ce que je vois à travers Bonaparte n'est qu'un trou sans fond. Il se nourrit de l'intérêt que les gens trop stupides pour voir la réalité en face lui portent. Avec moi, il n'aura aucune convention sociale, rien. Rien d'autre que de la souffrance, car je compte bien continuer cette guerre contre les riches et tout autre créature superficielle perdue dans le néant du luxe. Avancer échelon par échelon jusqu'à détruire tout ce que nous détestons, c'est la seule chose à laquelle je peux encore penser. Il peut continuer à me traiter de sorcière, qu'il en profite tant qu'il en a l'occasion, car bientôt il se rendra compte, à son grand désarroi, que je suis bien pire que ce qu'il a l'air de croire.

• Jak •

Oh ouais, je confirme. J'imagine déjà sa petite lopette de partenaire lui faire de jolis bandages quand tu lui auras écrasé chaque os, un par un. Un putain de beau carnage !

• MsChif •

Carnage ... Carnage ... Un mot qui sonne si doux à mon oreille. Je crois avoir compris que c'est ce que tout le monde s'attend à voir dans cette foutue ville. Si c'est ce qu'ils veulent, je le leur donnerai. Tu entends René ? Notre affrontement ne sera pas un petit échange amical et inoffensif comme tu en as toujours connu jusqu'à présent, non. Tu vas vivre une expérience nouvelle, et je te garantie que tu n'aimeras pas cela. Tu es un être si prévisible, enfermé dans tes petites habitudes car tu te satisfaits de tes acquis. Tant qu'on ne sait pas ce que tu vas faire, tu gardes l'avantage. Et de nous deux, qui crois-tu qui maîtrises le mieux cet adage ? Les dés sont jetés, et leur impact sera douloureux pour le perdant. Tu souffriras, fais-moi confiance.

Alors que Jak riait en imaginant René Bonaparte inerte sur le ring, MsChif tourna la tête. Le tabouret à côté du sien était vide, mais n'importe qui aurait réagi comme ce brave voyageur. Il venait de rencontrer la femme la plus cruelle de cette triste et sombre planète, une vengeresse sans pitié, The Horrible Thing.
La lutteuse balança un rapide coup d'oeil autour d'elle, gratifia son complice d'un signe de tête et quitta le bar par la porte de derrière. L'arrière-cour était déserte, seuls les échos lointains des disputes provenant des ruelles avoisinantes résonnaient. Après quelques pas, elle s'arrêta et poussa un hurlement qui déchira le ciel comme l'aurait fait un éclair.

• MsChif •

BONAPARTE ...



... I'M YOUR SOUL'S TOURMENTORRRRRR !!!!